Test : Asus NUC 14 Pro

Avec le NUC 14 Pro Asus reprend le flambeau des productions d’Intel, un pari difficile sur ce segment particulier pour le constructeur.

Vous avez des aînés ? Une grande sœur ou un grand frère ? Si oui vous connaissez sûrement cette situation désagréable de celui qui passe « après » à l’école. Celui que les profs vont reconnaître sans bien comprendre de qui il s’agit. Celui qui entendra « Vous n’aviez pas un grand frère – ou une grande sœur ? » en début d’année à la lecture de votre nom de famille.

Celui qui se retrouve, surtout, dans une situation délicate quand cet aîné a été un élément perturbateur ou, au contraire, un très bon élève. Cette situation particulière, c’est celle que rencontre Asus avec le NUC 14 Pro. Un MiniPC qui prend la suite des créations d’Intel après la reprise de ses activités par la marque et qui est attendu au tournant par de nombreux acheteurs. Autant le dire tout de suite, ce nouveau NUC n’est pas grand public, il s’agit d’un des modèle les plus chers du marché MiniPC actuel. Il vise des professionnels à la recherche d’un engin solide, bien calibré pour des usages intensifs et bénéficiant d’une garantie complète.

Asus NUC 14 Pro : un design très classique

D’un point de vue design, on ne peut pas dire qu’Asus ait bouleversé la donne. Le châssis est très proche de la formule instaurée par Intel. Probablement parce que la marque fabriquait déjà certaines des machines précédentes avec ses usines ASRock et qu’il n’y avait pas de raison de modifier leur design outre mesure. La recette a donc été reprise quasiment à l’identique avec beaucoup de points positifs.

La boite d’un NUC de 8e Gen à côté de la boite du NUC 14 Pro d’Asus

On découvre un MiniPC facile à maintenir et qui ne nécessite aucun outil pour se mettre à jour. C’est un argument phare de la marque, un design « Toolless » même si cela ne colle pas à mon avis à la cible choisie.

A gauche le nouveau NUC 14 Pro et à droite un NUC Intel

On retrouve en effet une partie inférieure du boitier qui se détache du reste du châssis en activant un petit loquet. Celui ci, maintenant des accroches par un petit ressort, vient libérer le bas du NUC.

Ce mécanisme est lui même bloqué par une sécurité supplémentaire. Il faudra tourner d’un quart de tour un pas de vis affleurant à côté pour que le dispositif puisse être enclenché.

Une excellente idée pour une maintenance aisée. Mais un usage orienté vers les particuliers et qui peu paraître inquiétante pour une exploitation en public ou dans une entreprise. C’est à dire le cœur de cible de cet engin estampillé « pro ».

Heureusement, Asus a fait preuve de jugeote en intégrant une protection supplémentaire. Si on attache le NUC 14 Pro avec un antivol type Kensington Lock, la séparation de la base et du châssis ne peut plus se faire et il est impossible d’accéder aux entrailles de l’engin.

A l’ouverture, on retrouve les deux éléments attachés par la nappe SATA de la baie d’extension 2.5 pouces. Il faudra veiller à ne pas ouvrir sans précautions l’engin sous peine de l’arracher de son support. Il est possible de la détacher proprement pour pouvoir manipuler les composants sans risques. La qualité d’assemblage est très bonne avec des matériaux solides et épais. Asus n’a pas hésité à soigner la construction de son premier NUC.

Si on regarde le détail de la partie dissipation de la baie 2.5″, on constate un assemblage beaucoup plus solide que sur les machines Intel. La partie en cuivre est très épaisse et elle est prise en sandwich dans la cage du stockage avec un espace suffisant pour ne pas que les éléments se touchent. Une fois que l’on retire le bas du châssis, on découvre la carte mère du MiniPC. Rien d’extravagant ici, c’est une solution on ne peut plus classique mais très complète.

On retrouve d’abord deux emplacements de mémoire vive SODIMM équipés de modules SK-Hynix pour un total de 16 Go de DDR5-5600.

Il sera facile de faire évoluer ce poste jusqu’à un maximum de 96 Go de RAM au total. Rien de particulier sur la mémoire embarquée. A noter que dans mes mesures la mémoire située en dessous est souvent plus chaude que la mémoire au dessous avec un Delta qui peut atteindre 8 à 10°C dans un test très lourd. Cela ne pose pas de soucis à l’engin car son choix de mémoire n’est pas mauvais. Mais je pense que ce serait une mauvaise idée d’acheter une sous marque pour  ce poste.

On note ensuite la présence de deux ports M.2 dont un seul est équipé. Le M.2 2280 accueille un SSD Samsung PM9A1a NVMe PCIe Gen4 x4 de 512 Go aux performances très classiques. Juste à ses côté un emplacement M.2 2242 également en NVMe PCIe Gen4 x4 permettra d’ajouter un stockage supplémentaire. Les deux SSD bénéficient d’une dissipation passive effectuée par un pad thermique assez épais qui conduit la chaleur qu’ils émettent vers une plaque de cuivre montée sur la partie amovible du châssis. Cette partie métallique sert elle-même de soutien à la cage d’une baie 2,5 pouces. Au total le NUC 14 Pro d’Asus peut donc accueillir jusqu’à trois unités de stockage très confortablement.

Petit détail sur l’implantation des SSD d’Asus, le NUC propose un système d’attache M.2 assez particulier. Il ne s’agit pas d’une vis que l’on vient tourner au dessus d’un pas classique mais d’une attache en plastique qui vient se glisser dans un support adapté. C’est pratique même si cela paraît moins sécurisé que la formule habituelle. A noter qu’il est possible de sécuriser les ports M.2 de manière traditionnelle en retirant ce bout de plastique pour les remplacer par des vis, mais que celles-ci ne sont pas fournies.

Sous le port M.2 2280 on retrouve le module Wi-Fi6E et Bluetooth 5.3 soudé à la carte mère et les deux antennes amovibles qui partent de l’autre côté du châssis. Rien de particulier à ce niveau, le choix de souder le module est évidemment moins évolutif qu’une solution M.2 2230 amovible mais le composant AX211 embarqué est suffisant pour les usages envisagés.

On note également de ce côté de la carte mère un double port USB à droite du module Wi-Fi monté sur broches mais dont la connectique n’est pas fournie, ainsi qu’un ensemble de broches pour panneau avant à sa gauche.

Intel a pris l’habitude de cette implantation particulière pour commercialiser les carte mères de ses NUC, Asus persiste dans cette proposition. On pourra donc intégrer ce type de carte dans un boîtier plus classique même si il faudra adapter un panneau connectique sur mesures. Les deux broches juste à côté serviront à réinitialiser le BIOS par défaut en cas de besoin.

Enfin, on retrouve en interne le support de l’ouverture vers l’arrière du châssis qui pourra être débouchée pour ajouter des ports supplémentaires. Soit en adaptant une extension M.2, soit en utilisant les ports USB décrit ci-dessus.

Un NUC 14 Pro au châssis solide

Le châssis est entièrement construit en plastique sur sa partie extérieure avec une cage latérale en métal à l’intérieur. Si les finitions sont réussies avec des détails très soignés, cela reste un peu décevant au regard du prix de la machine. On aurait aimé découvrir un châssis en aluminium pour améliorer le refroidissement global de l’engin. Les matériaux sont toutefois épais et résistants. Asus n’a pas pris de risque sur ce poste et on sent un engin qui pourra être exposé au public sans trop de crainte. C’est un détail important et différent de nombreux concurrents qui pensent souvent à des machines qu’on manipule avec beaucoup de soin. Les MiniPC NUC sont régulièrement mis en contact de la foule dans des lieux de passage : bornes d’accueil, écrans de présentation et autres. La robustesse du design présenté ici est donc bienvenue. 

En contre partie, l’engin est plus épais que ses prédécesseurs, le boitier mesure 11.7 cm de large pour 11.2 cm de profondeur pour 5.4 cm d’épaisseur. Ce n’est pas une énorme différence mais cela reste sensible si vous avez construit un support sur mesures pour une machine d’une ancienne génération.

Les différentes finitions de surfaces sont très réussies avec des différences de textures et un aspect jouant entre le mat, le brillant et le satiné. Rien d’extravagant mais un produit moins susceptible de se couvrir de traves de doigts que de nombreux concurrents. L’assemblage est de grande qualité et malgré sa finition plastique, l’engin est esthétiquement irréprochable.

Les alvéoles sont libres du côté droit du NUC 14 Pro pour évacuer l’air chaud.

Les alvéoles sur le côté droit de l’engin sont nombreuses et permettent une aération globale efficace en laissant l’air traverser entièrement la machine. L’air chaud est aspiré par la droite avant d’être repoussé vers la dissipation arrière. Il croise au passage les deux ports SODIMM de la mémoire vive. 

De l’autre côté, les ouïes sont visibles mais bouchées. L’air est ainsi canalisé dans un circuit qui transite du côté droit vers l’arrière de l’engin sans être perturbé par une source qui viendrait de l’autre côté. Cette disposition est efficace pour une utilisation dans un lieu public pas exemple, mais cela nécessitera de nettoyer les alvéoles régulièrement si elles s’encrassent trop vite. Il faudra également éventuellement passer un petit coup de soufflette dans la machine pour la désencrasser. A noter que si la partie « ouverte » du NUC 14 Pro est dite « toolless » et peut se manipuler sans le moindre outil de l’ouverture au changement de SSD, il n’est pas possible d’accéder facilement au système de refroidissement de l’engin qui est bunkerisé sous une coque en métal.

Asus propose un bloc d’alimentation compact et beaucoup plus facile à déplacer ou à cacher qu’une solution standard. Il s’agit d’un modèle FSP en 19V et 6,32A qui propose 120 watts au NUC 14 Pro. La prise d’alimentation est tripolaire et le connecteur jack est solide bien que non coudé.

C’est une très bonne solution pour ce type de MiniPC puisqu’elle permet d’éviter de trimballer une brique quand on déplace la machine. Il sera également possible de cacher facilement le bloc hors de sa vue. Un crochet livré peut également se visser à l’arrière du MiniPC pour maintenir le câble de l’alimentation et éviter qu’il ne se décroche notamment en utilisation VESA.

Un support VESA est évidemment livré avec toute la visserie nécessaire pour cacher facilement le MiniPC sur un écran ou un meuble. C’est également une solution de sécurisation efficace de l’engin pour une exploitation en lieu ouvert puisque cela oblige à démonter le boîtier avec des outils pour accéder aux composants.

Une connectique (presque) complète

La face avant est sobre, il semble manquer quelque chose par rapport aux habitudes prises par Intel sur ces gammes. Le NUC 14 Pro avance trois ports au format USB 3.2 Gen2. Un port au format USB Type-C en 3.2 Gen2 x2 et deux USB Type-A. Un bouton de démarrage est légèrement affleurant pour permettre de démarrer l’engin sans avoir à le regarder. Pratique pour une utilisation à l’aveugle du PC quand il est monté en VESA par exemple.

Sur le NUC Intel à gauche, un port USB Type-A en moins mais un port Jack en plus.

Ce qu’il manque ici c’est un port Jack audio. Un choix étrange de la part d’Asus de se passer de ce port sur la machine. Cela est sans doute lié à une volonté de s’intéresser plus à un public professionnel qu’à des particuliers mais cela ne correspond pas pour autant à tous les usages. Beaucoup d’utilisateurs sont désormais vissés devant leur écran en vidéo conférence chaque jour et ils utilisent un casque audio en quasi permanence. Dans bien peu de sociétés, on leur fournira un casque haut de gamme avec une connectique USB ou une solution Bluetooth. Et pour toutes ces sociétés l’absence de ce port jack à un petit dollar sonnera la fin de l’examen de l’ensemble de la machine. Les choix faits par le passé par Intel sur ses propres gammes étaient assez réfléchis, l’expérience aidant ils avaient fait des arbitrages sur les éléments indispensables pour remporter des appels d’offres. Et le port jack faisait partie de ceux-ci. 

Sur la partie arrière, on retrouve deux ports Thunderbolt 4, un USB 3,2 Gen2, un USB 2,0, deux sorties HDMI 2,1 et enfin un port Ethernet 2,5 Gigabit. L’ensemble est bien distribué, sans gène ni entre les câbles ni pour la ventilation de l’appareil.

Un module qui propose un double port USB 2.0 et un port Ethernet Gigabit supplémentaire

En dessous de la connectique, on retrouve l’espace libre que l’on avait croisé plus haut en interne et qui pourra servir à ajouter des extensions USB, eSATA ou autres suivant les options internes.

Au total, entre les prises HDMI et les Thunderbolt, le NUC 14 Pro pourra piloter quatre écrans en simultané. La présence de 28 lignes PCIe permet d’exploiter l’ensemble des ports sans ralentissements ni faiblesses. Le transfert en Thunderbolt ou l’exploitation d’un Hub ne ralentit aucun dialogue de données. De ce point de vue l’engin est un vrai plaisir à être utilisé. 

Consommation et nuisance sonore

Le Core Ultra 7 165H embarqué propose un fonctionnement relativement peu gourmand. La consommation mesurée de l’ensemble des postes d’un modèle équipé de son unique SSD et de deux barrettes de mémoire vive est stable. On est juste au-dessus des 5 watts dans un usage minimum et une dépense maximale de presque 93 watts au maximum de ses ressources.

Consommation Prime95 (30′) Prime95 + FurMark (30′) FurMark (30′) Repos
NUC au Global 80/92W 92/93W 52/54W 8/10W
Processeur complet 58/70W 68/70W 38W 5/7W
Coeurs CPU 45/60W 35/40W 3/5W 2/4W
Intel Arc 1/2W 11/18W 22/24W 2/4W

Cette dépense se détaille finement sur plusieurs postes. Ainsi sous Prime95 qui ne prend en charge que les cœurs de calcul qui ne dépassent jamais les 70 watts dans une enveloppe qui fait des va-et-vient entre 58 et 69 watts. Extrêmement rarement, la puce atteint 70 watts au total ce qui peut être analysé comme une erreur de mesure plus qu’un véritable enregistrement. Dans ce total, on distingue la consommation des cœurs qui en leur demandant le maximum de leurs performances peuvent monter de 45 à 60 watts seuls. Une fois que l’on demande au Core Ultra 7 d’activer son circuit graphique, l’enveloppe globale atteint son maximum avec une puce d’affichage qui tourne entre 10 et 18 watts.

A l’inverse, en n’exploitant que la partie graphique du processeur et en laissant les cœurs de calcul tranquilles, le bilan global est bien plus bas avec une consommation très stable entre 52 et 54 watts. Dans cette configuration, le processeur graphique est également plus gourmand puisqu’il atteint 22 à 24 watts tandis que les cœurs du processeur s’en tiennent à un rôle minimal sur une ligne située entre 3 et 5 watts. Au total le processeur tourne à une moyenne très stable autour des 38 watts.

Température Prime95 (30′) Prime95 + FurMark (30′) FurMark (30′) Repos
Processeur complet 102/104°C 100/105°C 80/85°C 44/46°C
SODIMM 1 _ 2 60/68°C _ 51/68°C 78/80°C _ 65/66°C 65/66°C _ 52/53°C 40°C _ 38°C
SSD M.2 2280 50/53°C 53/58°C 44/47°C 40/41°C

Ces résultats se répètent dans la durée sans incidence du temps de test et avec une remarquable stabilité. Ainsi au bout de quelques dizaines de secondes de stress test au maximum de ses capacités, tous cœurs activés y compris les éléments graphiques, le processeur Intel Core Ultra 7 165H du NUC 14 Pro marque un bon 105°C mesuré. Cette température n’est pas le maximum que la puce est censée pouvoir endurer puisque sa limite haute est de 110°C. Asus la bride cependant pour éviter tout soucis à l’engin. Ce total n’est que très très rarement atteint en test et uniquement pour de très courts instants avant de se faire réguler par le système. Ainsi la puce oscille dans ces conditions à un maximum de 104/105 °C pour de très petites périodes.

A noter que la température du processeur baisse rapidement lorsque la machine est au repos, en une vingtaine de secondes de ventilation la puce retombe alors dans une enveloppe située entre 44 et 48°C. L’exploitation du circuit graphique seul laisse la température à un 80/85 °C. Même sur de longues périodes.

En usage normal, en dehors des tests spécifiques mais plutôt dans des scénarios du quotidien, on retrouve des mesures beaucoup plus classiques. Sous LibreOffice par exemple la consommation ne dépasse jamais les 30 watts pour un système a 39,6°C en veille, 49,7°C en moyenne et 83°C en usage maximum.

Sous Affinity Photo pour une retouche d’une image très haute définition en format TIFF destinée à l’impression au format A3. La température varie de 41,1°C en veille à 57,8°C en moyenne pour un total maximal de 99°C pour un gros travail de filtre sur la totalité de l’image. La consommation moyenne de l’ensemble du NUC se mesure autour des 43W au global. En travail vidéo, sous DaVinci Resolve, on retrouve une consommation globale de 50,3 Watts pour un processeur à 47,8°C au minimum, 67,7°C en montage et 101°C lors d’un rendu avec l’utilisation de filtres (transitions, colorimétrie et contraste) au bout d’une dizaine de minutes.

A noter que les travaux de rendu lourds produisent un calcul stabilisé et que ceux-ci se poursuivent pendant plus de 10 minutes (vidéo) sans ralentir. La hausse à plus de 100°C a un impact sur la ventilation qui monte en puissance mais aucun sur la capacité de l’engin a mener sa tâche à bien. La mémoire vive embarquée comme le SSD évoluent en fonction du reste de la machine. Ainsi la DDR5 peut atteindre presque 81°C tandis que le SSD reste dans une enveloppe plus faible allant de 55 à 58°C. Les températures atteintes ne posent pas non plus de soucis d’exploitation sur les composants embarqués.

La ventilation est bien gérée par Asus. Evidemment, la machine ne sera pas inaudible dans les situations les plus poussées et lorsque vous lui demanderez de faire des calculs lourds sur de longues périodes comme un rendu vidéo, l’engin vous le fera clairement entendre. La ventilation est à la fois rapide et puissante, l’air projeté vers l’arrière du MiniPC est chaud en température tout en étant puissant en volume. La zone d’aspiration sur le côté fonctionne très efficacement et le capot de l’engin devient tiède sans jamais être inconfortable. Le bruit est néanmoins assez rapidement omniprésent et les tâches les plus lourdes peuvent alors devenir inconfortables au même titre que celles demandées à un ordinateur portable musclé.

En terme d’usages plus techniques les performances sont globalement excellentes avec des points forts sur certains postes. Le rendu 3D d’une scène Blender est au-dessus de ce que propose un Core i9-13900H (35-115W) ou une puce Ryzen 7 7840HS (35-54W) avec toutefois une consommation différente pour le Core Ultra 7 165H (20-115W).

Un travail d’encodage vidéo gourmand sous Handbrake d’un fichier source brut en UltraHD vers un fichier FullHD h.265 en 10 bits avec prise en charge des capacités du circuit graphique donne un résultat parmi les meilleurs que j’ai pu tester à ce jour. Avec une moyenne impressionnante située au dessus des 100 images par seconde. C’est 21 images par seconde de plus qu’un Core i7-1360P d’un MiniPC concurrent sur le même processus. 

Les travaux de compression et décompression de fichier sous 7-Zip sont globalement excellents avec une vitesse étonnante en compression. La navigation en ligne sous Chrome et Firefox se fait sans problèmes avec des affichages fluides et sans ralentissements du moment que l’on ne sature pas la mémoire vive. A noter que Firefox se comporte extrêmement bien sur l’engin et reste réactif dans la durée malgré de nombreux onglets ouverts et l’emploi de plusieurs extensions.

La gestion multimédia du NUC 14 Pro est globalement excellente sur tous les supports. En Streaming par exemple, la puce d’Intel prend en charge nativement le format AV1, ce qui l’autorise à lire des fichiers 3840 x 2160 à 60 images par seconde en HDR sans broncher. Si quelques images peuvent être perdues au lancement de la vidéo, une fois le flux parfaitement synchronisé, l’affichage est fluide et parfaitement géré. Le rendu du signal sur un écran UltraHD via le port HDMI est également de très belle qualité. La consommation de l’engin reste contenue entre 22 et 28 watts avec une ventilation au ralenti et quasi silencieuse. La prise en charge matérielle de la décompression par la puce ARC est parfaitement gérée.

En lecture locale, avec VLC, les résultats sont tout aussi excellents sur tous les formats : du H264 FullHD au MPEG2 en passant par un gourmand flux UltraHD HEVC, tout est lu et piloté sans problèmes. Naviguer dans le flux est fluide,  une avance rapide comme un saut à coup de curseur n’entame pas l’optimisme du processeur. La lecture d’un long métrage de deux heures en 4K 60 fps AV1 HDR ne réveille pas une seule fois la ventilation de manière audible.

Un NUC 14 Pro capable de jouer ?

Le NUC d’Asus est parfaitement à son aise sur de nombreux jeux mais il n’est néanmoins pas adapté à cet usage. Pour obtenir les meilleurs résultats en jeu, il faut aller piloter le BIOS avec des réglages assez agressifs qui réveillent forcément plus souvent la ventilation. En poussant le processeur à 64 watts par exemple, on a de bien meilleurs résultats mais je ne suis pas certain que ce soit la meilleure chose à faire. La gestion de la ventilation devient furieuse assez rapidement avec un bruit pénible à l’usage. Il est bien sûr possible de piloter l’engin de cette manière pour des sessions ludiques avant de rebasculer vers un réglage plus sobre pour une manipulation classique ensuite… mais cela n’est pas confortable.

Surtout, si les résultats proposés sont très corrects, ils seraient meilleurs à budget égal avec une solution Ryzen et un circuit graphique Radeon chez AMD. Acheter un NUC 14 Pro avec pour ambition de jouer n’est pas un bon calcul au final. A moins d’utiliser un circuit graphique externe via le port Thunderbolt, le MiniPC reste cantonné à un niveau de jeu assez limité. Si le circuit graphique ARC se comporte plutôt bien et se montre efficace sur bien des titres, ces résultats doivent être pris pour ce qu’ils sont. Une option offerte sur un engin pensé avant tout pour des tâches plus professionnelles.

Quelques chiffres pour vous indiquer les usages possibles en jeu en poussant le BIOS au mieux de ses capacités. On atteint facilement les 65 images par seconde sous Spiderman en FullHD avec les détails réglés sur bas et en utilisant le XeSS d’Intel en mode Mixte. C’est fluide, jouable et même agréable sur ce titre. On pourra grignoter quelques images par seconde supplémentaires en baissant la définition ou augmenter la qualité des textures et des ombres. On tombera alors entre 50 et 60 images par seconde.

Un jeu comme Tomb Raider sans XeSS proposera 50 à 60 images par seconde en 720P avec des détails sur bas. Ce n’est pas merveilleux et si c’est jouable, on perd un petit peu de la magie de ce titre. Même constat pour d’autres jeux de la même période. En jonglant entre qualité et définition on obtient de très bons niveau de jouabilité ou de qualité d’affichage.

Forza 5 atteint presque 80 images par seconde en 1080P avec des détails bas et peut gagner en finesse d’affichage en réduisant à un 1440 x 900 pixels sans tomber à moins de 70 images par seconde. Le recours au XeSS permet là encore de trouver un point assez bien placé entre le FullHD et la qualité d’affichage sur ce titre.

CuberPunk 2077 reste au dessus des 50 images par seconde avec de très brèves incursions à 49 ips sur certaines scène. Pour y parvenir il faut rester en 1440 x 900 pixels tous les détails graphiques réglés sur bas et en poussant le XeSS sur un maximum de performances. On pourra atteindre un 60 ips stable en basculant en 720p. Des résultats assez similaires sont visibles sous Red Dead Redemption II.

Des jeux plus classiques comme Hades, GTA V, Celeste, Subnautica, Dead Cells, Minecraft, Witcher III, Fortnite, CS:Go ou MudRunner seront pilotés sans soucis avec une excellente jouabilité et cette fois-ci un BIOS laissé par défaut. 

Tous les autres relevés de performances en jeu ne s’obtiennent qu’en poussant le BIOS pour libérer les capacités du processeur, ce qui a pur effet de faire ronfler la ventilation assez rapidement et pousser la température de l’engin assez haut. La consommation est élevée avec un TDP qui frôle en permanence les 40 watts. Je ne connais pas les conséquences de ce type d’usage intensif à long terme sur la machine mais au vu du bruit généré il faudra jouer avec un casque et dans un bureau vide. Sans vouloir exagérer sur la ventilation et le bruit, il me semble que cela ne correspond pas au scénario d’usage voulu par Asus. Un constat d’ailleurs très logique puisque la marque propose un ROG NUC clairement orienté vers le jeu sur un autre segment.

Des composants annexes efficaces

La partie réseau du NUC 14 Pro est robuste avec un module Wi-Fi6E et Bluetooth 5.3 signée Intel. On retrouve un circuit AX211 au format M.2 1216 directement monté sur la carte mère. Les performances sont classiques et restent très bonnes en pratique. Le savoir faire d’Intel sur ce poste et l’implantation des antennes a bien été relayé aux équipes d’Asus. Le Bluetooth est tout aussi efficace avec une excellente portée mesurée. Plus de 10 mètres au casque sans perte de signal. C’est tout l’intérêt d’un châssis supérieur en ABS qui laisse bien mieux circuler les signaux sans fil qu’une solution métallique juste ajourée d’un bandeau en plastique.

La partie réseau filaire est confiée à un chipset Intel I226V tout aussi habituel. Là encore les performances sont classiques. En l’absence d’un matériel 2,5 Gigabit pour tester ce poste au maximum de ses possibilités, je n’ai pas pu le mesurer au maximum de ses performances mais son débit Gigabit était toujours excellent. A noter qu’aucun souci de connexion avec cette puce particulière. Ni baisse de débit ni perte de données. Je n’ai modifié aucun pilote de l’installation d’Asus sur ce poste.

Pour la partie réseau c’est donc un sans faute. Le fait d’avoir un bon support Bluetooth sera évidemment un élément important pour un usage classique d’un clavier et d’une souris mais également pour la partie audio.

La connectique est solide, bien implantée sur la carte mère. Les finitions sont excellentes et l’ensemble respire la qualité… mais cela s’explique assez facilement au vu du prix demandé. Ici Asus cherche sans doute à rassurer ses partenaires professionnels avec un matériel sérieux et appliqué.

Si les performances sont bien au rendez-vous on n’aura pas pour autant de meilleurs résultats que chez les concurrents. Ce qui pose un léger souci quand on remarque la différence tarifaire entre un MiniPC NUC 14 Pro et un concurrent plus classique.

Asus NUC 14 Pro : un achat validé ?

Asus a salé les prix du MiniPC et le NUC 14 Pro Core Ultra 165H en format Barebone, sans mémoire vive ni stockage et encore moins de système, est commercialisé à 1159,95€ chez LDLC aujourd’hui. C’est un prix trop élevé pour un particulier, énorme pour un artisan ou une profession libérale qui peuvent avoir plus de performances au global avec un portable classique équipé d’une puce graphique plus efficace et prêt à l’emploi pour le même tarif. Certes Asus met en avant une garantie de 3 années sur ce modèle mais si on veut un produit complet, avec mémoire vive, stockage et accessoire la note est bien trop élevée au final.

Seuls les grands comptes pourront trouver ici un format adapté à leurs besoins au travers d’un revendeur qui leur assurera un service de suivi et de SAV exemplaire. Mais la pilule sera difficile à faire passer face à des concurrents devenus très agressifs en terme de prix depuis qu’Intel s’est retiré de la bataille. Le mot d’ordre est de tout faire pour reprendre les parts qu’Intel avait gagnées avec ses NUC ces dernières années. Et HP, Lenovo ou Dell s’y emploient avec force et moyens là où Asus semble considérer que le nom de la marque NUC et son aura lui permettent d’augmenter ses tarifs.

Le plus étrange est sans doute le double discours de cette offre qui met en avant un service comme l’exploitation sans outils de ces NUC 14 Pro. Un argument qui est souvent vu d’un mauvais œil par les responsables techniques des grands groupes car il permet de modifier facilement les composants… ou de les faire disparaître. C’est un argument grand public alors que le prix de la machine la rend inaccessible à celui-ci. Et ce souci est un bon résumé de la problématique rencontrée par Asus. La marque propose un très bon produit mais qui n’a aucun avantage par rapport aux concurrents du marché à un prix qui la place en dernière place d’un appel d’offre. Pas sûr que beaucoup des intégrateurs qui faisaient vivre le marché NUC d’Intel en proposant ses machines à leurs clients tentent d’intégrer les machines d’Asus si elles savent qu’en face des concurrents vont pouvoir proposer des engins aussi robustes entre 15 et 20 % moins cher.

En conclusion, particuliers passez votre chemin. Il y a de nombreux concurrents à cet Asus NUC 14 Pro sur le marché qui proposeront de meilleurs tarifs et une construction largement suffisante pour votre usage. Professionnels et indépendants, le constat est a peu près le même. Si la machine est séduisante par sa taille et ses compétences, elle n’apporte au final pas grand-chose de neuf sur un marché saturé de concurrence. Reste les intégrateurs que ce modèle peut séduire de part sa garantie et son sans faute technique. Cela limite le public visé par l’engin à une frange assez faible du marché informatique, probablement parce que Asus a ici été beaucoup trop gourmand.

Avec un prix revu à la baisse, Asus tiens ici un excellent produit mais face à une concurrence féroce son excellence pratique et ses capacités risquent de rester dans l’ombre de machines alternatives.

ASUS NUC 14 Pro
9
ASUS NUC 14 Pro
  • Performances générales
  • Qualité de la construction
  • Composants de qualité
  • Prix élevé !
  • Pas de port Jack ni de lecteur SDXC
  • Design sans outil pas adapté aux pros
  • Bureautique / PAO
    10
  • Graphisme et Photo
    10
  • Montage Vidéo
    7
  • Modelage, conception 3D et gestion impression 3D
    8
  • Multimédia / streaming
    10
  • Compression et calculs
    10
  • Jeu vidéo
    7
  • Internet et navigation
    10

Soutenez Minimachines avec un don mensuel : C'est la solution la plus souple et la plus intéressante pour moi. Vous pouvez participer via un abonnement mensuel en cliquant sur un lien ci dessous.
2,5€ par mois 5€ par mois 10€ par mois Le montant de votre choix

Gérez votre abonnement

15 commentaires sur ce sujet.
  • 1 juillet 2024 - 18 h 29 min

    93W de conso max ce n’est pas un peu beaucoup ?
    Ça me paraît élevé pour un mini pc ?
    Quid comparé à un 8840u par exemple ?

    Répondre
  • 1 juillet 2024 - 20 h 50 min

    Gros fan du NUC dès les premères heures, par contre pas convainncu par la carte wifi/BT soudée ni le tarif

    Répondre
  • 1 juillet 2024 - 21 h 31 min

    Le succès dans les grandes entreprises viendra du pourcentage de remise concédé… belle machine en tout cas.

    Répondre
  • 1 juillet 2024 - 22 h 57 min

    bien trop cher et peu de nouveautée par rapport à d’autres minipc

    Répondre
  • 1 juillet 2024 - 23 h 39 min

    @Raph:
    Complètement d’accord, le Wifi commence à se démocratiser chez plusieurs opérateurs internet. Si, avec un prix « pro » on n’y a pas accès, c’est très décevant (de + en + de smartphone grand public bénéficient du Wifi 7 depuis plus d’un an…)

    Répondre
  • 1 juillet 2024 - 23 h 50 min

    @Franck: Ce n’est pas souvent que tu lances une demie heure de FurMark + Prime95 en même temps sur un MiniPC. Se baser sur cette conso n’est pas réaliste, c’est une indication témoin.

    @Raph: Au vu du public visé, ce n’est pas très important à vrai dire le module Wi-Fi. Les pros utiliseront logiquement le réseau 2.5 Gigabit. Le Wi-Fi si il est employé sur cette machine sera surtout pour son module Bluetooth, pas pour sa performance de transfert. Ou alors c’est qu’il sera mal employé et mal calibré par l’IT.

    Répondre
  • 2 juillet 2024 - 7 h 09 min

    La partie indiquant qu’il est efficace pour Blender me tentait grave jusqu’à ce que je vois le tarif.
    Il faudrait sûrement que je compare avec des RDNA AMD, pour ceux encore supportés par Blender, ils font vraiment chier chez AMD pour ça car quand ça deviendra abordable je suis sûr qu’ils sortiront encore une blague qui rendra l’accélération GPU inopérante.

    Répondre
  • bob
    2 juillet 2024 - 7 h 55 min

    Bonjour et merci pour l’article. Par contre l’alimentation n’a pas trois phases, elle n’est pas tripolaire, même s’il y a un connecteur de phase, un neutre et la terre.

    Répondre
  • gUI
    2 juillet 2024 - 9 h 33 min

    Merci pour ce rapport complet !

    Une petite question technique, comment tu peux voir les consos séparées processeur et coeur graphique ?

    Répondre
  • 2 juillet 2024 - 10 h 03 min

    Le probleme de ce Nuc Asus c est le brand Asus …

    Le nuc c est toujours adresse a une cible Pro et les Pro ne supportent pas Asus !

    Asus a une facheuse tendance a vouloir attaquer les marchés en direct je m explique :

    Un intégrateur a un marché local pour équiper une mairie par exemple … Asus va tout faire pour prendre le marché en direct (et bien entendu ne plus s’occuper de la mairie après … ). au final la Mairie n est pas contente, l integrateur non plus … Et Asus va avoir une mauvaise image ! Bref le fonctionnement de Asus depuis toujours ! Asus se contente de faire du retail avec le Pro … non non non !

    Ne parlons même pas que Asus n a pas de bonne relation avec les grosses SSII (Computa, Scc …) et bingo le Nuc est bien mort …

    Ne parlons meme pas du Tarif complètement lunaire et un seul gros client (Ldlc and Co) … voilà nous y sommes !

    Avec Intel c etait plutot simple :

    – Distributeurs Off. (Ingram, Techdata, Arrow and co) donc bataille sur les pricing … une équipe chez Intel qui s’occupaient vraiment du Nuc, des tarifs different suivant la typologie de client (Revente ou Pro) …

    Ne doutons plus : Le Nuc est bien mort malheureusement ! Il faut donc se tourner chez les concurrents asiatiques !

    Répondre
  • 2 juillet 2024 - 10 h 06 min

    @Greg:

    Tous les wifi ne se valent pas ! c est parce qu il y a marque Wifi 7 que le wifi est bon !

    D ailleurs Pierre faudrait aussi que tu test les wifi (Router and co). Beaucoup de personne pensent que c est une veille techno … mais pas du tout ! et a regarder de plus pret il y a pas mal de difference entre plusieurs Wifi 7 … donc fait gaffe au marketing la dessus.

    Répondre
  • 2 juillet 2024 - 11 h 10 min

    @gogogdgeto: J’ai pas de quoi tester le Wi-Fi 7.

    @gUI: https://valid.x86.fr/
    HWMonitor détaille tout cela. Une prise murale permet d’avoir en plus la conso globale de l’engin.

    Répondre
  • 2 juillet 2024 - 17 h 08 min

    Plus de port infrarouge sur les NUC ?
    Pas envie d’ajouter un dongle pour contrôler kodi avec ma télécommande media center…

    Répondre
  • 2 juillet 2024 - 17 h 35 min

    @gogogdgeto: En effet, le wifi 5 de mon rpi 4 semble bien plus performant que le wifi 6 de mon steam deck, du moins en portée éloignée…

    Répondre
  • 2 juillet 2024 - 18 h 49 min

    @cyberxander: J’ai voulu en parler mais je me suis dit que c’était un peu « ridicule » comme contre argument. Qui va acheter une machine a 1000€ en barebone pour faire un media Center ? Alors je suis bien d’accord que c’est dommage mais ce n’est pas vraiment un contre point.

    @Le Breton: Oui, le Wi-Fi d’Intel est extrêmement bien implanté par Intel depuis de longues années et le recours à des chipsets plus rapide en théorie n’est pas forcément la signature d’un excellent débit.

    Répondre
  • LAISSER UN COMMENTAIRE

    *

    *